Friedrich Glauser

Le royaume de Matto

«Eine Geschichte muss irgendwo spielen. Die meine spielt im Kanton Bern, in einer Irrenanstalt. Was weiter? … Man wird wohl noch Geschichten erzählen dürfen?»

Les romans policiers de Friedrich Glauser se caractérisent par leur corpulence. La faute en est surtout au circonspect inspecteur Studer. Dans « Le royaume de Matto » également. Glauser y raconte l’histoire de personnes disparues et d’homicides autour d’un établissement psychiatrique. L’auteur sait de quoi il parle : il a lui-même été interné à plusieurs reprises dans ce genre d’institution. Studer enquête sur ces cas et y met de l’ordre, tout en sachant que le droit et la justice sont souvent très éloignés l’un de l’autre. Dans ses enquêtes, il suit en priorité son flair infaillible et fait montre de compréhension pour les petits délits des pauvres types qui sont exploités et soupçonnés, qu’ils soient coupables ou innocents. Jamais Glauser ne fait briller sa maîtrise artistique avec plus d’éclat que lorsqu’il saisit en peu de mots et quelques gestes le caractère et le cadre de vie de ses personnages ; par exemple lorsqu’il semble à Studer, lors de sa première rencontre avec le médecin de l’établissement, « qu’une peur était tapie au fond des yeux du Dr Laduner ». Cette peur froide, Glauser, fils rejeté de parents bourgeois, la connaissait bien. Dans « Le royaume de Matto », il la rend tangible pour ses lecteurs.

Dans ce roman comme dans les autres de la série, le suspense résulte de la solidarité avec les marginaux. Celle-ci produit une humanité touchante et une chaleur qui s’exprime dans une langue terreuse aux accents dialectaux, et révèle en Glauser un de ces grands raconteurs d’histoires qui font voir le cosmos dans ses détails.

(Beat Mazenauer, trad. par Christian Viredaz)

Ce roman a aussi été traduit sous le titre « Le règne des toqués » par Jean-Pierre Bommer (Lausanne : L’Aire, 1983)

Traduction du titre: Matto regiert

Editions du Promeneur, Paris 1999

ISBN: 9782070754212